Nez qui coule, yeux qui piquent, asthme... Vous êtes peut-être allergique aux acariens, une petite bête invisible qui, l'hiver venu, se tapit plus volontiers dans nos maisons.

«Les acariens sont la principale cause des allergies respiratoires. On la retrouve dans 70 pour cent des cas», explique le docteur Sophie Silcret-Grieu, allergologue, interrogée par l'Associated Press.

En hiver, l'humidité et la mise en route des chauffages dans les logements créent une atmosphère favorable à la reproduction des acariens. Ils aiment se nicher «là où la température est de plus de 20 degrés et l'humidité supérieure à 50 pour cent».

Literies, moquettes, rideaux, vieux livres, peluches, toutes les maisons, même les plus propres, en abritent. «L'acarien est le principal allergène de la poussière de maison. Plus il y a de poussière, plus il y a d'acariens», poursuit Sophie Silcret-Grieu.

Par ailleurs, «ils se nourrissent de moisissures, de débris alimentaires, de débris de peau humaine. L'endroit idéal est pour eux la literie, un milieu chaud, humide, où notre peau desquame». À titre d'exemple, «au bout de deux ans, les acariens représentent 10 pour cent du poids d'un oreiller», souligne-t-elle.

Un test cutané au cabinet de l'allergologue permet de faire le diagnostic qui nécessite des mesures simples de prévention et d'éviction. Il est recommandé d'«aérer au moins une demi-heure par jour; d'éviter l'accumulation des nids à poussière; de laver le linge de lit au moins une fois par semaine à 60 degrés; de ne pas trop chauffer la pièce, moins de 18 degrés; d'éviter l'humidité et de renouveler les oreillers tous les deux ans».

On peut aussi «utiliser des housses anti-acariens autour des matelas» et «passer l'aspirateur très régulièrement», en s'assurant qu'il possède un filtre efficace. Quant à l'utilisation de produits acaricides, elle est recommandée «une ou deux fois par an, en pulvérisations sur le matelas, la literie, les canapés».

Pour ce qui concerne le traitement, «nous avons plusieurs niveaux d'action», souligne le docteur Sophie Silcret-Grieu. «L'éviction des acariens est toujours nécessaire, particulièrement si il y a des symptômes (nez qui coule ou gratte, gène oculaire, problèmes respiratoire) mais aussi en cas de prédisposition aux allergies».

Et Sophie Silcret-Grieu d'ajouter: «les médicaments allergiques permettent de soulager ces symptômes, mais le seul traitement de la maladie allergique est la désensibilisation, qui consiste à apprendre à l'organisme à tolérer les acariens».

En pratique, ce traitement est prescrit par un allergologue, après avoir effectué un bilan. Il consiste à prendre des gouttes sous la langue, pendant trois ans environ, les effets étant perceptibles après trois à quatre mois environ.

«Le traitement est coûteux mais (...) peut entrer dans le cadre d'une prise en charge à 100 pour cent pour certains patients asthmatiques en particulier, souligne l'allergologue. C'est une arme fondamentale de la prise en charge de l'allergie, avec de bons résultats dans 80 pour cent des cas, qui peuvent changer la vie des personnes atteintes d'allergie».